Le déni n’est pas une politique

Les mesures provisoires n’ayant par définition qu’un temps, quand bien même elles sont prolongées comme c’est le cas, que va-t-il leur succéder ? Pour la pandémie, la cause semble entendue, il est selon Emmanuel Macron « raisonnable de penser » qu’un vaccin sera bientôt disponible, justifiant que tout soit fait en attendant pour éviter un reconfinement généralisé et ses conséquences « collatérales », mettant « le pays à l’arrêt ». La nouvelle donne économique s’annonce persistante, et le remède n’est pas trouvé.

Il est décidé de protéger les entreprises pour en faire autant de l’emploi. Ce levier fait toutefois discussion, suscitant la critique des défenseurs de la « destruction créatrice » qui dénoncent le maintien en vie artificiel d’entreprises « zombies ». Mario Draghi reste pour sa part très vague en opposant « bonne » et « mauvaise dette », la première favorisant à terme la productivité et donc la croissance, sans résoudre l’équation. Au sein du conseil des gouverneurs de la BCE, des voix se font entendre en faveur de la limitation des achats obligataires, tandis qu’en Allemagne le débat sur la réactivation du « déficit budgétaire zéro » ressurgit, après sa suspension pour raisons de « circonstances exceptionnelles ». Tout cela tourne en rond, les vieilles recettes ont la vie dure, les nouvelles sont très timides.

Une exception tranche, portée par le grand syndicat allemand IG Metall. Il pose sur la table des négociations le principe de la semaine de 4 jours, prenant à revers ceux qui dénoncent les 35 heures et assimilent la hausse de la productivité à la diminution du « coût du travail » en voulant rallonger sa durée. Inutile de dire que le patronat allemand n’y est pas excessivement favorable et que la négociation risque de tourner autour des rémunérations si la réduction du temps de travail est adoptée : les salaires seront-ils ou non maintenus, sinon quelle sera la décote ? Le débat s’élargit avec le lancement par l’institut berlinois DIW d’une étude sur le revenu universel portant modestement sur le comportement de 120 bénéficiaires d’un revenu mensuel de 1.200 euros pendant trois ans.

Ce ne sont que des gouttes d’eau dans le bain du conformisme régnant. La Banque mondiale vient pourtant d’alerter sur la progression de « l’extrême pauvreté » dans le monde, chiffrant de 70 à 100 millions ceux qui vont rejoindre les 735 millions de personnes qui sont déjà dans ce cas. Seule solution proposée, étendre le moratoire sur le remboursement de la dette dont bénéficient 76 pays. Toujours gagner du temps, faute de mieux…

La ligne de plus grande pente n’est pas favorable à la mutation d’un capitalisme qui n’est pas dans ses beaux jours.

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